Pour atteindre les objectifs d’une transition numérique responsable, l’État se doit d’intégrer la durabilité dans la gestion de son parc informatique. Quels sont les principes clés à observer et quelles solutions peuvent être mises en place pour l’adoption d’une politique informatique durable dans le secteur public ?
L’informatique durable désigne l’ensemble des solutions visant à la réduction de l’impact environnemental des technologies de l’information et de la communication (TIC). Au cœur de cette démarche, l’adoption de pratiques éco-responsables dans la gestion d’un parc informatique est l’un des leviers privilégiés pour les administrations publiques. Pourtant, malgré une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, la mise en œuvre de ces pratiques reste complexe et nécessite un véritable changement de paradigme.
Le parc informatique représente l’ensemble des équipements informatiques utilisés pour les besoins d’une administration : ordinateurs, serveurs, imprimantes, appareils de communication, etc. Les administrations, compte tenu de leur taille et de leur rôle, sont de grands consommateurs de ces équipements. Elles ont donc une responsabilité particulière dans la réduction de l’impact environnemental de ces technologies.
La prise de conscience des enjeux environnementaux liés aux TIC est le premier pas vers une informatique durable. Au cœur de cette démarche, la connaissance de l’empreinte écologique de son parc informatique est essentielle. En effet, d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un ordinateur émet en moyenne plus de une tonne de CO2 sur l’ensemble de sa vie, de sa fabrication à sa fin de vie. La gestion du parc informatique doit donc intégrer ces enjeux pour être en adéquation avec les objectifs environnementaux de l’État.
L’informatique durable repose sur plusieurs principes clés, parmi lesquels figurent la réduction de l’utilisation des ressources, l’optimisation des équipements et la fin de vie responsable des matériels. Ces principes doivent guider l’action de l’État dans la gestion de son parc informatique.
La réduction de l’utilisation des ressources passe par l’achat d’équipements moins énergivores et la sensibilisation des utilisateurs à des pratiques plus responsables. La virtualisation des serveurs, par exemple, permet de diminuer la consommation d’énergie et l’empreinte CO2 des data centers.
L’optimisation des équipements vise à allonger leur durée de vie en favorisant leur maintenance et leur réparation plutôt que leur remplacement systématique. De même, le recyclage des équipements en fin de vie permet de réduire l’impact environnemental de l’informatique.
Pour mettre en œuvre ces principes, plusieurs solutions peuvent être envisagées. Parmi elles, l’achat d’équipements reconditionnés, qui ont fait l’objet d’un processus de remise à neuf, réduit considérablement l’empreinte écologique du parc informatique. Les entreprises spécialisées dans le reconditionnement garantissent un niveau de performance équivalent à des équipements neufs, tout en limitant l’utilisation de nouvelles ressources.
De plus, l’adoption d’une politique de gestion des données orientée vers l’éco-responsabilité peut également contribuer à la réduction de l’empreinte écologique du parc informatique. Il s’agit par exemple de limiter la multiplication des données stockées, de favoriser le stockage local plutôt que le stockage en ligne, plus énergivore, ou encore de mettre en place des systèmes de refroidissement alternatifs dans les data centers.
Enfin, la sensibilisation des utilisateurs à l’informatique durable est un levier essentiel pour la mise en œuvre de ces solutions. La formation à l’éco-responsabilité numérique, la mise en place de chartes d’utilisation responsable des équipements ou encore l’incitation à des pratiques éco-responsables (extinction des équipements en fin de journée, impression limitée, etc.) sont autant d’actions qui peuvent être menées pour favoriser l’adoption d’un comportement éco-responsable au sein de l’administration.
En somme, le développement d’un parc informatique durable dans une administration publique nécessite une prise de conscience des enjeux environnementaux liés aux TIC et l’adoption de pratiques éco-responsables. L’État, en tant qu’acteur majeur, a un rôle clé à jouer dans cette transition vers une informatique durable.
La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), promulguée en 2020, a renforcé les obligations en matière de responsabilité environnementale pour les administrations. Elle s’inscrit dans une dynamique globale de développement durable. Concrètement, elle a des implications importantes sur la gestion des parcs informatiques au sein des services publics.
Cette loi stipule que les administrations doivent prioritairement s’équiper en matériel informatique reconditionné et encourager la réparation plutôt que le remplacement. Elle prévoit également de renforcer la traçabilité des déchets d’équipements électriques et électroniques. Ainsi, la fin de vie des équipements informatiques doit être pensée de manière à limiter l’impact environnemental.
L’adoption d’un logiciel de gestion du parc informatique permet de mieux contrôler le cycle de vie des équipements, d’optimiser leur utilisation et de prévoir leur fin de vie. Il facilite également la mise en œuvre de pratiques éco-responsables, comme l’extinction automatique des ordinateurs en dehors des heures de travail pour une sobriété énergétique.
La loi AGEC est en parfaite adéquation avec le plan de transformation numérique durable initié par le gouvernement. Ce plan vise à faire de la France un leader de l’économie numérique responsable et à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique. La mise en œuvre de ce plan passe notamment par la modernisation des infrastructures numériques de l’État et l’adoption de pratiques éco-responsables au sein des administrations.
Les services publics ont un rôle majeur à jouer dans la transition vers une informatique durable. Leur taille et leur impact sur la société en font des acteurs clés de cette transition. En effet, en adoptant des pratiques éco-responsables dans la gestion de leur parc informatique, ils peuvent influencer positivement le comportement des citoyens et des entreprises.
Par exemple, en privilégiant l’achat d’équipements informatiques reconditionnés ou en favorisant la réparation plutôt que le remplacement, ils peuvent contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la production de nouveaux équipements.
De plus, en sensibilisant leurs employés à l’importance de l’extinction des équipements en fin de journée ou de la limitation de l’impression, ils peuvent favoriser l’adoption de comportements éco-responsables au quotidien.
Les services publics peuvent également jouer un rôle de pionnier en expérimentant de nouvelles solutions pour une informatique durable. Par exemple, l’adoption de systèmes de refroidissement alternatifs dans les data centers ou la mise en place de solutions de stockage local plus éco-responsables.
La transition vers une informatique durable est un enjeu majeur pour l’État et les services publics. Pour y parvenir, il est essentiel d’intégrer les principes de la durabilité dans la gestion du parc informatique et d’adopter des pratiques éco-responsables.
La loi AGEC et le plan de transformation numérique durable offrent un cadre propice à cette transition. Ils incitent à la réduction de l’utilisation des ressources, à l’optimisation des équipements et à une gestion responsable de leur fin de vie.
Cependant, la réussite de cette transition ne peut se faire sans une sensibilisation et une mobilisation de tous les acteurs. Les services publics ont un rôle clé à jouer dans cette démarche par leur taille, leur impact sur la société et leur capacité à influencer les comportements.
Ainsi, en adoptant une politique de gestion responsable de leur parc informatique, ils peuvent contribuer de manière significative à la réduction de l’impact environnemental du numérique et participer à l’effort global de lutte contre le changement climatique.